À propos de la fouille d’Houlbec-Cocherel (1685… 1722)

Auteure : Monique Remy-Watté

Journées archéologiques de Haute-Normandie. Conches-en-Ouche, 5 et 6 juin 2015

p. 9-18

Résumé : En 1685 se déroule à Houlbec-Cocherel, dans l’Eure, la première fouille véritable d’un site préhistorique en France ayant donné lieu à des observations précises, consignées dans un rapport détaillé. Cette découverte, rattachable au Néolithique récent II, est souvent mentionnée dans le cadre de l’histoire de l’archéologie, mais n’a été étudiée qu’assez partiellement dans cette perspective. Sont abordées ici les conditions du déroulement du travail sur le terrain, celles de l’étude de la structure et du matériel mis au jour, ainsi que les raisonnements alors mis en œuvre.

En France, la première fouille véritable d’un site préhistorique ayant donné lieu à des observations précises, consignées dans un rapport détaillé, se déroule en juillet 1685, dans la vallée de l’Eure, à Houlbec-Cocherel. Elle concerne une sépulture mégalithique constituée d’une fosse d’environ 10 m sur 2,30, partiellement entourée de pierres dressées ou couchées, abritant une vingtaine de squelettes alignés parallèlement en décubitus dorsal nord-sud. Selon le compte rendu établi alors, sur un côté, deux corps étaient superposés à deux autres et, à l’autre extrémité, se trouvaient des ossements brûlés. Le matériel archéologique mis au jour est décrit avec précision, ce qui a permis, au XXe siècle, d’attribuer cette sépulture à la culture Seine-Oise-Marne (Bailloud, 1964, p. 163 et 244 ; Bourdier et Édeine, 1965, p. 58 ; Verron, 2000, p. 76, 78, 80 et 155), actuellement rattachée au Néolithique récent II (Salanova et al., 2011, p. 82-84).

Cette découverte est souvent mentionnée dans le cadre de l’histoire de l’archéologie. Il s’agit indubitablement d’une première, à une échelle qui dépasse celle de la région, ce qui a permis à Édouard Ferray, deux siècles plus tard, d’affirmer au Congrès archéologique de France tenu à Évreux en 1889, que « la découverte du tombeau de Cocherel peut être considérée à juste titre comme le point de départ dans notre pays de la science préhistorique » (1890, p. 411). Plus près de nous, Franck Bourdier et Bernard Édeine (1965) parlent de « naissance de la préhistoire scientifique », tandis que Guy Verron (2000, p. 76) évoque « un événement d’importance capitale ». En revanche, cette sépulture n’a été étudiée qu’assez partiellement dans cette perspective. C’est pourquoi il paraît utile de reprendre la question à la lumière de l’évolution récente des problématiques consacrées à l’histoire de la recherche en préhistoire. Seront abordées ici les conditions du déroulement du travail sur le terrain, celles de l’étude de la structure et du matériel mis au jour, ainsi que les raisonnements alors mis en œuvre. Le troisième niveau de réflexion, celui de l’identification, par des érudits ne pouvant supposer l’existence d’un long passé humain, du peuple ancien auquel attribuer la sépulture, fera l’objet d’une étude ultérieure.

Les sources

Deux textes sont rédigés à l’époque. Un procès-verbal est établi le 11 juillet 1685, durant le déroulement de la fouille, par Olivier Estienne, avocat au parlement de Rouen, à la demande de Robert Le Prévôt (ou Le Prévost), « seigneur des fiefs et seigneuries du haut et bas Cocherel1 », qui a entrepris ces travaux. Puis, progressivement, sur plusieurs années, est mise au point une Relation et Dissertation touchant l’origine & l’antiquité de quelques corps trouvez dans un ancien tombeau au village de Cocherel, entre Evreux & Vernon, en 1685. Ces deux documents sont utilisés et publiés entre 1686 et 1722 sous trois formes. Une traduction en anglais du procès-verbal paraît dès 1686 dans les Philosophical Transactions de la Royal Society de Londres : c’est l’érudit protestant français Henri Justel (1620-1693), installé à Londres depuis 1681 (Brown, 1933), membre de la Royal Society, qui l’a transmis (Justel2, 1686, p. 226). Il n’est toutefois publié en français qu’en 1722. Pierre Le Brasseur (vers 1680-1730) le donne en effet alors, dans la partie Actes et preuves de son Histoire civile et ecclésiastique du comté d’Évreux3, sans transition, à la suite de la Relation et Dissertation…, signée quant à elle par « l’abbé de Cocherel », c’est-à-dire Guillaume-Étienne Le Prévost, frère de Robert, comme le note Bernard de Montfaucon (1722, p. 196) ; les deux hommes ont été confondus par certains auteurs. Dans cet écrit, l’abbé reprend une description des découvertes, puis présente une réflexion sur les attributions chronologiques et culturelles possibles de la sépulture.

Le paragraphe d’approbation du livre de Le Brasseur (1722, [1], p. 418) date de décembre 1720 : le texte signé par l’abbé de Cocherel a donc été rédigé antérieurement, et sans doute plusieurs années auparavant, comme l’étude de sa mise en forme progressive permet de le voir (Remy-Watté, recherches en cours). La première version de la Dissertation pourrait d’ailleurs ne pas émaner de l’abbé, mais plutôt de son frère, et la dernière a bénéficié d’apports extérieurs (ibid.). Les originaux de ces documents sont perdus. La comparaison entre les deux versions publiées du procès-verbal de 1685 permet toutefois d’établir leurs validités respectives : elles sont en effet extrêmement proches. Si des erreurs de transcription de la part de Le Brasseur ont pu être notées pour d’autres documents, soit anciennement (Moreri, 1735, p. 121-122), soit plus récemment (Charon, 1992, p. 86, note 5), cela ne semble donc pas avoir été le cas ici.

Entre ces deux publications, en 1719, Bernard de Montfaucon (1655-1741), qui a reçu ses informations directement de Robert Le Prévôt, consacre à Houlbec-Cocherel l’essentiel d’un chapitre du volume 2 du tome V de son Antiquité expliquée et représentée en figures (Montfaucon, 1722, p. 194-196).

La plus grande partie des renseignements concernant la structure elle-même et la fouille provient de ces documents : ils ne constituent pas les seuls textes, manuscrits ou imprimés, ayant abordé le sujet à l’époque, mais ils sont à l’origine de la plupart des nombreux écrits postérieurs. Leur utilisation inégale a conduit à des visions de la situation assez souvent partielles, voire parfois erronées, en particulier lorsque la relation de Montfaucon est seule prise en compte.

Conditions de découverte

Selon le procès-verbal, il s’agit d’une découverte fortuite effectuée à l’occasion de travaux ordonnés par le roi : « ayant besoin d’un nombre considérable de pierres de taille pour fournir au travail qu’il est obligé de faire par ordre du Roy pour la réédification de la bajoierie de la Porte à bateaux des moulins de Cocherel […], [il] auroit fait decouvrir deux grandes pierres qui sortaient hors de terre, seulement l’une d’un pied, et l’autre de neuf à dix pouces, comme des bornes pour séparer des terres et se sont trouvées […] l’une et l’autre de six pieds de hauteur […] posées debout à côté l’une de l’autre, jointes et maçonnées avec de la marne […]. Et en faisant ladite découverte on auroit remarqué que c’étoit un sepulcre » (Le Brasseur, 1722, [2], p. 183).

Dans ce contexte, l’objectif du procès-verbal est de fournir une justification au seigneur de Cocherel. Il ne s’agit pas d’une sépulture chrétienne : « il ne s’est trouvé aucune inscription, ni sculpture, ni figure qui pût faire croire que ces hommes-là eussent été Chrétiens, au contraire », il n’y a donc pas sacrilège, « Ce qui nous a induit à déclarer audit Seigneur de Cocherel qu’il pouvoit appliquer lesdites pierres sans aucun scrupule à tel usage que bon lui sembleroit » (ibid., p. 185).

La Dissertation précise pourquoi Robert Le Prévôt a entrepris la récupération de ces grosses pierres enfouies : il ne pouvait « avoir pour de l’argent aux carrières voisines ce qui lui étoit nécessaire, parce qu’on ne pouvoit trouver d’ouvriers pour y travailler, tous les tailleurs de pierre ayant esté obligez de se rendre à Maintenon, où se faisoient les plus considérables travaux » (ibid. p. 175). Le texte n’apporte pas plus de précision car ces circonstances apparaissent alors tout à fait évidentes. Il s’agit de la construction du canal de l’Eure, destiné à acheminer depuis Pontgouin (Eure-et-Loir), en amont de Cocherel, 100 000 m3 d’eau jusqu’aux fontaines et jets d’eau du parc de Versailles, à environ 80 km de distance, projet colossal qui comporte, pour franchir la vallée à Maintenon, l’édification d’un aqueduc monumental de 5 km de long environ, s’élevant au centre à plus de 73 m de hauteur, sur trois niveaux d’arcades (Hoog, 2005). Tout ceci nécessite donc l’activité d’une main d’œuvre très nombreuse. Le chantier vient de débuter au printemps 1685, tous les carriers de la vallée de l’Eure ont été réquisitionnés et, parmi eux, ceux de la région d’Houlbec-Cocherel.

Les travaux commandés à Robert Le Prévôt sont eux-mêmes directement liés au projet : « le roy ayant ordonné de faire plusieurs ouvrages sur la rivière d’Eure pour en rendre la navigation plus aisée, le seigneur de la paroisse de Cocherel eût ordre de faire faire un travail à la porte par laquelle passent les bateaux sur cette rivière » (Le Brasseur, 1722, [2], p. 173). Il faut reconstruire la bajoierie, c’est à dire les parois de pierre canalisant l’Eure, là où cette « porte à bateaux » permet de franchir le bief lié à l’existence de moulins. L’amélioration de la navigation sur l’Eure est destinée à faciliter l’approvisionnement du chantier de Maintenon. Tout ceci est urgent : au printemps, Vauban, chargé de la conduite du projet, a préparé un mémoire sur l’état du lit de la rivière et des portes à bateaux ; l’intendant de Rouen, après avoir ordonné les réparations nécessaires, procède à une inspection durant l’été, peu de temps après la fouille. En octobre, le roi commande de dédommager un certain nombre de propriétaires riverains, dont ceux de Cocherel.

Il apparaît clairement que Le Prévôt doit agir rapidement et faire preuve de bonne volonté, mais qu’il rencontre certaines difficultés.

Il s’agirait donc d’une découverte fortuite… En fait, ce n’est pas le cas, comme le révèle nettement la Dissertation ! Il y est en effet précisé que Le Prévôt « se souvint avoir vu […] deux grandes pierres », qui « avoient été découvertes il y a quinze ans par trois hommes inconnus […] lesquels vinrent en ce lieu un jour de feste dans le temps que tous les habitans étoient à l’Eglise : ils firent un trou d’environ trois pieds en quarré, & d’autant de profondeur ; ils tirèrent les os de deux corps avec les têtes jusqu’à la moitié de l’épine du dos ; ils laissèrent ces os sur le bord du trou sans le remplir, & sans avoir marqué qu’ils eussent aucun dessein de chercher ni à droit, ni à gauche, ni au-dessus, ni au-dessous ». Robert Le Prévost, qui s’était déplacé sur les lieux, « crut qu’il seroit inutile de s’arrêter à une plus longue recherche dans ce temps là, puisque ceux qui en devoient avoir plus de connoissance ne s’y étoient pas attachez plus longtemps » (Le Brasseur, 1722, [2], p. 175). Lorsque, plus tard, il entreprend l’opération, il sait qu’il va trouver deux gros blocs de pierre mais aussi qu’il risque de découvrir des ossements, ne serait-ce que les restes des deux corps partiellement mis au jour précédemment : ce n’est donc ni un hasard, ni une surprise totale.

Fait-il procéder au dégagement avec précaution dès le départ ? Il apparaît en tout cas clairement que, très vite, les observations sont menées avec soin et précision, mais que l’avocat est mandé seulement après plusieurs jours de travaux et de déblaiement d’une grande partie de la tombe. Robert Le Prévôt a largement fouillé dans un premier temps avant de prendre, dans un second, toutes les garanties légales, à la fois pour justifier son entreprise et pour pouvoir utiliser les blocs de pierre.

Son intérêt pour l’aspect scientifique des découvertes s’est visiblement éveillé rapidement. Ainsi, la précision apportée, dans le procès-verbal, à la description des outils de pierre ou d’os, avec en particulier l’indication systématique de toutes leurs dimensions, n’apporte rien sur le plan religieux et légal : la signification païenne de ces objets ne dépend aucunement de ces critères. Par ailleurs, les travaux se poursuivent après la rédaction de ce procès-verbal (Justel, 1686, p. 225 ; Le Brasseur, 1722, [2], p. 185), alors qu’il ne reste plus de blocs susceptibles d’être utilisés pour les bajoyers.

La démarche archéologique de Robert Le Prévôt

Le comportement de Le Prévôt, aussi bien au moment des travaux sur le terrain qu’après, permet effectivement de parler d’une véritable démarche archéologique, en tenant compte bien sûr des limites inhérentes à l’époque et au contexte. Les informations les plus complètes sur la période des travaux de terrain proviennent du procès-verbal. Robert Le Prévôt est visiblement présent sur le site à diverses reprises, même si ce n’est pas en permanence comme le suggère Montfaucon (1722, p. 195). Les terrassements sont menés par des vignerons du voisinage à l’aide de pics. Pas de fouille fine donc, mais une observation de l’organisation d’ensemble de la sépulture est toutefois possible et les artefacts, y compris fragiles et de petite taille, sont localisés et repérés, puis recueillis. C’est le cas de la poterie : « à pareille distance de la superficie de la terre & des corps inhumez il s’est trouvé trois petits pots d’une terre noire aussi molle que de la cire, qu’on n’a pû separer de la terre sans les rompre, & qui ont durci à l’air, & sont devenus de couleur grise […] ces petits pots étant encore remplis de cendre et de charbons de bois » (Le Brasseur, 1722, [2], p. 183).

Fig. 1. Vue d’ensemble de la sépulture d’Houlbec-Cocherel (Le Brasseur, 1722).

Dès cette étape, Robert Le Prévôt fait appel à des compétences extérieures pour étudier les découvertes. En effet, au moment de l’établissement du procès-verbal, Jean Blaubuisson, « Maître Chirurgien demeurant à Cocherel », est présent sur le terrain et certaines remarques consignées dans ce document témoignent d’un premier examen anatomique permettant un début d’analyse : « dans lequel sépulcre se seraient trouvez les os de vingt corps d’hommes de la grandeur ordinaire de cinq pieds et demi à six pieds de long, à la réserve de deux jeunes de quinze à seize ans, ne s’étant trouvé aucune tête de femme » (ibid.). D’autres notations, concernant les haches, révèlent que des « spécialistes » des roches ont eux aussi déjà été consultés, ainsi en est-il évoqué une : « dure comme l’agathe, que les Lapidaires ont dit être de giade » (ibid., p. 184).

Observation et réflexion sont donc très vite mises en œuvre tant à propos du matériel archéologique que de l’organisation d’ensemble de la structure funéraire. Cette dernière fait toutefois à l’évidence l’objet d’une « reconstruction » au-delà de ce qui a été effectivement observé. La figuration proposée dans la publication de 1722 (ig. 1) est un schéma, réalisé a posteriori, directement en lien avec la description donnée dès le procès-verbal : topographie du site, localisation des divers blocs de pierre et d’une zone de crémation par rapport à la fosse, disposition des squelettes (« tous les corps étendus nord-sud, les bras le long du corps et toutes les têtes le long des deux pierres posées debout », ibid. p. 183), avec la mention à diverses reprises de la présence d’une « pierre » (hache ou pendeloque) sous la tête de chaque mort (« Sous chacune de ces têtes, il y avait une petite pierre […] Sous les autres têtes il y avoit onze petites pierres de caillou [silex] noir, taillées toutes d’une même manière », ibid., p. 184).

Ce que Robert Le Prévost et le chirurgien ont pu observer effectivement n’était sans doute pas aussi ordonné : les conditions de fouilles ne l’auraient pas permis. Une remarque le révèle d’ailleurs incidemment : « il y avoit deux autres petites pierres qui, selon les apparences, étoient sous les corps des plus jeunes » (ibid.). On peut néanmoins supposer que les squelettes étaient restés au moins en partie en connexion anatomique puisque déjà les pillards venus précédemment avaient dégagé partiellement deux corps identifiables. La planche de l’ouvrage de Le Brasseur où sont figurés des fragments de crânes ne présente pas de parties spectaculaires, ce que l’auteur n’aurait manqué de faire s’il en avait disposé ; il convient de noter toutefois que « ayant esté exposés à l’air, ils se sont réduits d’eux-mêmes pour la plupart en poussière » (ibid., p. 184).

Fig. 2. Sépulture d’Houlbec-Cocherel : dessin d’une partie de la tombe (Justel, 1686).

Dès 1686, une figure accompagne la première publication (fig. 2) ; elle montre une partie de la sépulture où deux corps sont superposés à deux autres, partie qui, par contre, n’est pas identifiable sur le dessin publié en 1722 par Le Brasseur. Cette zone semble constituer ici un tout : la structure est coupée à la base et seul un os long isolé au premier plan suggère l’existence d’autres squelettes ; on n’a par ailleurs aucune idée du contexte topographique. Enfin, la disposition d’ensemble se trouve inversée par rapport à la présentation globale de 1722 : il s’agit en fait de la traduction schématique, sans doute réalisée par quelqu’un qui n’a pas vu le terrain, de ce que le procès-verbal décrit ; la correspondance entre les lettres de repérage sur les deux documents souligne cette fonction illustrative directe4. Justel, qui en avait transmis le texte à la Royal Society, avait promis de lui procurer également, si possible, les dessins des objets découverts, qui devaient donc paraître dans la livraison suivante (Justel, 1686, p. 226). Or on ne les trouve pas : soit il n’a pu les obtenir, soit ils n’étaient pas encore terminés ; ils figurent par contre dans la publication de 1722, mis en relation avec la description des découvertes.

S’il est donc impossible de déterminer totalement la part à attribuer, dans ce compte rendu, à la reconstruction, il est clair toutefois que Robert Le Prévôt effectue ses observations avec un réel souci de précision et de rigueur. Il adopte ici le même comportement que celui qu’il met en œuvre dans son domaine d’activité habituel, le travail sur des textes anciens de nature juridique. C’est ainsi, par exemple, qu’en 1681, il a travaillé sur les archives conservées à la tour de Londres (Bourdier et Édeine, 1965, p. 55-56), missionné par le pouvoir royal français, afin de découvrir des chartes prouvant qu’avant l’occupation anglaise, le droit de régale existait en Normandie ; cette recherche s’inscrivait dans le cadre du conflit qui opposait Louis XIV au pape Innocent XI5.

Ces études des éléments mis au jour, entreprises sur le terrain, se poursuivent et se développent ensuite, aussi bien celle des ossements que celle des artefacts. Dans les mois et années suivant la fouille, Robert Le Prévôt s’efforce de faire connaître ses découvertes dans les milieux scientifiques : c’est sans doute lui qui, fin 1685 ou début 1686, transmet le texte du procès-verbal à Justel qu’il a dû connaître à Paris ou à Londres. Dès janvier 1686, il présente à l’Académie des sciences des haches et des ossements (Du Hamel, 1683-1686). En mars 1689, un Extrait d’une Dissertation sur un ancien Tombeau trouvé au Village de Cocherel est publié dans le Journal des Sçavans, sans doute par Robert Le Prévost : il s’agit d’une des premières versions de ce texte qui va circuler durant plusieurs années (Remy-Watté, recherches en cours). L’examen des restes humains constitue une première, comme l’a souligné Claude Masset (1989, p. 147) : « Dès 1685 […], l’un d’eux pose déjà de vraies questions […] C’est au chirurgien-barbier de son village qu’il demanda de juger de leur âge, de leur sexe, de leur état de santé, de leur origine aussi […] Par-delà ce modeste artisan qu’elles dépassaient, ces questions s’adressaient à une science qui n’existait pas encore : à l’anthropologie. » L’ensemble du procès-verbal montre bien que l’attention s’est prioritairement fixée sur les crânes, à la fois dans leur situation et leur aspect. Ils ont certainement joué un rôle clé dans la proposition de reconstitution de la structure et leur examen, précis dès le départ, va influencer le schéma explicatif proposé : « Les crânes des têtes de tous ces hommes étaient d’une épaisseur extraordinaire, toutes garnies de dents fort saines […] Il y a une de ces têtes qui a reçu un coup dont le trou est resté dans l’os de la grosseur du bout du doigt, ce qui marque que c’étoient des gens de guerre » (Le Brasseur, 1722, [2], p. 184). Cette étude est ensuite approfondie et il est précisé dans la Dissertation, à propos de ce dernier point : « un morceau du derrière de la teste, qui a été percé d’un coup des deux costez, & que la nature […] a réparé de tous les deux costez, ainsi qu’il se voit par les marques qui y restent : ce qui est d’autant plus à remarquer, […] étant bien difficile que le crâne ait été percé d’un si grand trou, sans que les deux membranes qui enveloppent la substance du cerveau n’ayent été offensée » (ibid., p. 175 ; fig. 3, no 13) : il s’agit de la plus ancienne description connue d’une trépanation préhistorique.

Haches et céraunies

Le procès-verbal et la Dissertation apportent des informations sur la question des céraunies à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle et, à partir de là, permettent de revoir l’interprétation qu’en donnèrent, à la fin du XIXe siècle, les premiers préhistoriens. Parmi ces derniers, ceux qui se sont intéressés au sujet ont développé l’idée que, durant les périodes précédentes, les outils préhistoriques, non identifiés comme artefacts, avaient été interprétés comme pierres de foudre ou céraunies, utilisant ces deux termes comme synonymes. Cette analyse, complétée par l’affirmation qu’il s’agit là d’un phénomène universel, est formulée en 1877 par Cartailhac en conclusion de son étude sur le sujet (p. 103). Cette vision, dont Noël Coye (1997, p. 21) a montré qu’elle correspondait à une lecture sélective des sources grecques et latines qui aboutit à évacuer « le polymorphisme de la notion antique » de céraunie, a perduré tard dans le XXe siècle (par exemple : Laming-Emperaire, 1964, p. 36 ; Brézillon, 1972, p. 64). En fait, cette identification se met véritablement en place durant l’époque moderne, alors que, par accumulation de données et d’hypothèses, le discours se complexifie, tandis que, par contre, l’illustration se resserre autour de la représentation d’outils préhistoriques. Ces objets, dont la morphologie simple et très caractéristique va frapper les esprits et s’imposer, face à un discours écrit complexe, diffus et souvent contradictoire, forgent ainsi au cours du XVIIIe siècle l’archétype dominant de la céraunie » (Coye, 1997, p. 26). C’est alors aussi que cette interprétation est ouvertement remise en cause, en particulier par deux mémoires lus le premier, en 1723, par Antoine de Jussieu à l’Académie des sciences, le second, en 1734, par Nicolas Mahudel à celle des inscriptions et belles-lettres. Tous deux différencient une catégorie parmi les « pierres de foudre » des auteurs antérieurs et contemporains, celle d’outils fabriqués par l’homme à propos de laquelle ils argumentent (Jussieu, 1725 ; Mahudel6, 1740). Le raisonnement de Jussieu pour les attribuer à l’homme est d’ordre ethnographique et morphologique : il faut les comparer avec les « Pierres qui nous viennent les unes des îles d’Amérique, les autres du Canada […] » : « Les sauvages de ces pays-là se servent à différents usages de Pierres à peu près semblables qu’ils ont taillées avec une patience infinie par le frottement contre d’autres pierres faute d’aucun instrument de fer ni d’acier » (Jussieu, 1725, p. 7). Mahudel développe une argumentation historique : « les hommes n’ont connu l’usage de l’airain & du fer que plusieurs siècles après la naissance du monde », ils avaient toutefois besoin d’outils et en ont donc produit en pierre (l’argument morphologique intervient alors à nouveau) ; il insiste sur les propriétés favorables des « cailloux » ou « silex » pour ce faire et tente une reconstruction chronologique de cette histoire, bien évidemment courte et récente.

Fig. 3. Sépulture d’Houlbec-Cocherel : fragments de crânes (no 10-13), outils et céramiques (Le Brasseur, 1722).

Les deux textes se posent en rupture avec les idées précédentes : Jussieu réfute la « prétendue origine » de la céraunie et Mahudel évoque le « faux préjugé qu’on avait sur l’origine et la nature de ce genre de pierre ». Le cas de Cocherel permet de percevoir concrètement les modes de pensée mis en œuvre dans les décennies précédentes.

Dès le moment de la fouille, Robert Le Prévost identifie les « pierres » mises au jour comme des outils, d’abord par leur morphologie, par comparaison avec les outils métalliques usuels : l’une est « figurée comme un fer de picque », une autre « figurée comme un fer de hache » (Le Brasseur, 1722, [2], p. 183). Il repère le travail humain qui les a façonnées : deux pierres « d’un caillou [silex] grisâtre très dur taillées comme des fers de haches aiguisées et polies sur la meule ou sur d’autres pierres » (ibid., p. 184). Il reconnaît des emmanchements : « ces pierres s’enchâssaient par le bout le plus étroit dans un morceau de corne de cerf creusé par le bout pour recevoir une de ces pierres […] percé par le milieu pour l’emmancher au bout d’un bâton et en faire une hache » (ibid., p. 184). On remarque que, si certaines des haches ont pu être récupérées encore emmanchées, les « bâtons » avaient disparu et qu’il y a donc interprétation de sa part : logique ou comparatisme ? Aucun indice ne permet de trancher ici. Quant au recours au lapidaire, il a eu pour rôle d’identifier la nature des roches mais pas d’expliquer les découvertes : Le Prévost réagit en ethnologue et non en naturaliste. Le procès-verbal est rédigé par l’avocat Estienne, en fonction de ce qu’il peut encore voir sur place et des explications données par Le Prévost, qui a sans doute aussi rapporté une partie au moins du mobilier découvert : cette démonstration ne semble lui poser aucun problème. Ces objets ont certes été mis au jour en situation, près de squelettes inhumés, et non au hasard des champs comme un certain nombre de « céraunies », mais, après tout, une autre interprétation aurait pu en être donnée, en particulier celle d’éléments votifs dont on aurait recherché avant tout le caractère magique.

Lorsqu’en janvier 1686, Le Prévost présente à l’Académie des sciences des haches et ossements, le secrétaire note dans son résumé : « M. Cocheret [sic] a fait voir à la compagnie [… de] certaines pierres taillées, d’autres de jaddes ; d’autres taillées en haches emboittées dans du bois de cerf, il y en avoit de petites percées. Il y a de l’apparence qu’on n’avait point encore l’usage du fer » (Du Hamel, 1683-1686). Ce secrétaire n’est autre que Jean-Baptiste Du Hamel, nommé à ce poste dès la fondation de l’institution en 16667 : il s’agit donc d’un savant aux mérites reconnus. Or, parmi les ouvrages qu’il a alors publiés figure De meteoris et fossilibus, où, 20 ans auparavant, en minéralogiste, il analysait la céraunie ainsi : elle « n’a probablement pas été précipitée des nuages sur la terre : je croirais plutôt que rien n’est contre le fait que des coins, des haches, des marteaux ou tous les instruments du même genre ont été transformés en pierre : en effet très souvent, la céraunie présente la forme d’un coin ou d’une hache8 » (Du Hamel, 1660, p. 210). Il a transcrit le résumé du discours de Le Prévost sans qu’il soit possible de préjuger ici de ce qu’a pu être alors sa réaction. Dans la version anglaise du procès-verbal, on note à propos de cette question une des rares variantes par rapport au texte original. Une remarque a en effet été ajoutée avant la dernière phrase du texte : « leurs armes montraient qu’ils n’avaient pas l’usage du fer ou du laiton [bronze] pour en faire des armes mais qu’ils utilisaient ce que la nature offre d’abord, comme certains peuples indiens actuellement9 » (Justel, 1686, p. 226). Cette allusion relevant d’un comparatisme ethnographique s’intègre clairement dans le contexte érudit anglais. En 1686 paraît l’ouvrage de Robert Plot sur le Staffordshire, où celui-ci, parlant du texte de César, après avoir développé un raisonnement historique sur des armes de pierre qu’il identifie directement comme telles, termine ainsi : « la manière dont elles pouvaient être fixées à un manche peut être vue au Musée Ashmolean où il y a plusieurs exemplaires indiens de ce type » (Plot, 1686, p. 397, pl. xxxiii, no 3). Plot, conservateur de ce musée à Oxford, a mis plusieurs années à rédiger son ouvrage, dont il a entretenu ses collègues anglais mais aussi étrangers : Justel, encore Parisien alors, mentionne ses recherches dès 1679 (Bourdier et Édeine, 1965, p. 55). On peut remarquer que Plot a évolué sur le sujet : dans son ouvrage paru en 1877 sur l’Oxfordshire, il mentionnait brièvement les pierres de foudre, conservant l’interprétation traditionnelle (Goodrum, 2008, p. 500).

L’Extrait d’une dissertation, publié en 1689 dans le Journal des Sçavans, ne comporte par contre aucune indication dans ce domaine : il n’y est fait mention que de « pierres » sous les têtes. Plus bref que le procès-verbal, le texte est orienté vers la description globale de la structure funéraire et l’appel à des suggestions d’attribution culturelle.

Le texte final de la Dissertation, intégrant les apports de divers savants, dont la plupart ne sont pas précisément identifiables, est beaucoup plus développé : la nature des roches est définie, avec des hypothèses diverses pour certaines, et les facultés prophylactiques qu’on leur attribue, dans la lignée des lapidaires médiévaux, sont cette fois également rapportées. On y voit apparaître le terme céraunie une seule fois, à propos d’une hache (Le Brasseur, 1722, [2], p. 174 ; fig. 3, no 9) : « Quelques-uns disent que c’est un serpentin d’Orient, en ayant la dureté ; mais elle n’est pas veinée comme est ordinairement le serpentin. D’autres disent que c’est une ceraynie. Et d’autres disent que c’est du giade brun. » On remarque qu’on se place là dans le domaine de la minéralogie et que cela ne remet pas en cause l’identification fonctionnelle d’un objet qui reste considéré comme un artefact. On peut également noter que l’exemplaire voisin (fig. 3, no 7), de forme tout à fait identique, dont « tous les lapidaires disent que c’est une pierre de giade d’Orient », ne mérite pas, du coup, la même suggestion.

Le texte comporte enfin un ajout méthodologique d’importance : le recours au comparatisme. On y trouve en effet, comme argument d’identification des objets mis au jour, une comparaison avec les armes utilisées dans le Nouveau Monde : « Monsieur le Maréchal d’Estrées qui a vu ces pierres, & les morceaux de corne de cerf ou d’élan dans lesquels quelques-unes de ces pierres ont dû être enchâssées pour faire des haches, a dit qu’il ne doutait point que le même Maître qui avoit appris à ces Barbares, dont on ne pouvoit deviner le nom ni le tems, n’eût enseigné les Américains d’aujourd’huy à faire des armes toutes semblables » (ibid., p. 181-182). Deux hommes pourraient correspondre à cette désignation, le père et le fils. Il s’agit plus probablement du second, Victor-Marie (1660-1737), maréchal de France en 1703, grand collectionneur d’objets d’art, devenu membre entre 1707 et 1715 de l’Académie des sciences, de l’Académie française et de celle des inscriptions et belles-lettres.

Conclusion

L’examen de ce qui a été écrit pendant quelques décennies à propos de Cocherel témoigne très clairement de la diversité des analyses émises alors et du fonctionnement du monde savant. Plusieurs raisons ont permis à Robert et à Étienne Le Prévost ainsi qu’à Justel10 d’identifier sans difficultés des outils de pierre, considérés dès le procès-verbal comme anciens, avec une possible attribution aux Gaulois (ibid. p. 185 ; Justel, 1686, p. 226). Ils ne sont pas naturalistes et par conséquent n’ont pas été bloqués par l’accumulation des données concernant les céraunies ; leur interprétation se fait d’abord par réaction sur les découvertes in situ. Leurs références appartiennent plutôt au domaine de l’histoire. Cela avait été le cas de William Dugdale qui, en 1656 déjà, avait identifié des haches de pierre découvertes dans le Warwickshire comme étant des armes utilisées par les anciens Britons avant le bronze ou le fer (Piggott, 1989, p. 86). Les relations entretenues, directement, par courrier et par l’intermédiaire de revues, permettent visiblement une circulation des idées et de véritables échanges. Au-delà des images, les objets aussi peuvent être examinés. On pense bien sûr aux armes et outils d’Amérique, ce qui ne suffit d’ailleurs pas à entraîner automatiquement l’identification des haches de pierre puisque « céraunies » et armes indiennes peuvent coexister dans les mêmes collections (Goodrum, 2008, p. 499-500). Mais les objets mis au jour en Europe sont également présentés, comme on l’a vu pour ceux de Cocherel, à l’Académie des sciences et à Montfaucon en particulier. Ces échanges intellectuels et les diverses idées ou informations nouvelles circulent et touchent un milieu relativement large : les interventions de Jussieu et Mahudel s’intègrent donc dans un mouvement plus global qui se développe dans les dernières décennies du XVIIe siècle. Et ce n’est pas un hasard si Robert de Cocherel manifeste rapidement une prise de conscience de l’originalité de sa découverte et d’une partie des problèmes d’interprétation qu’elle soulève et si, avec son frère et Justel, ils ont joué un rôle dans sa diffusion.

Il restait bien sûr à préciser l’attribution chronologique et culturelle de la structure, c’était l’objectif annoncé de la Dissertation. Sa réalisation se trouve confrontée à deux blocages : bien sûr d’abord celui de la conception du temps de l’histoire de l’homme, considéré comme très court, mais aussi celui de l’idée que la sépulture a été établie en une seule fois, ce qui pose alors le problème de l’existence de deux modes funéraires concomitants. Cela a donné lieu à une série de discussions d’hypothèses historiques.

Bibliographie

Bibliographie

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Mahudel N. (1740) – Sur les prétendues pierres de foudre, mémoire lu en 1734. Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, avec les Mémoires de littérature tirés des registres de cette académie…, t. XI, 1734-1737, p. 163-169.

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Moreri L. (1735) – Supplément au grand dictionnaire historique, généalogique, géographique pour servir à la dernière édition de l’an 1732 et aux précédentes. II, Paris, 738 p.

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Verron G. (2000) – Préhistoire de la Normandie. Rennes, Ouest-France, coll. Université, 364 p.

Notes

1 Aussi appelé pour cette raison « M. de Cocherel » ou « Le Prévôt de Cocherel ».

2 Bien que Justel ne soit bien évidemment pas l’auteur de ce texte, nous désignons cette version sous la référence « Justel, 1686 », utilisée par les auteurs l’ayant mentionnée.

3 L’ouvrage de Le Brasseur comporte trois paginations successives : d’abord 27 p. non numérotées (dédicace, préface) puis le texte de l’Histoire civile… proprement dite, 417 p., que nous identifions en faisant précéder le numéro des pages concernées de [1], enfin 206 p. d’Actes et preuves, publication de documents d’archives, numérotées à nouveau à partir de « 1 » que nous notons à la suite d’un [2].

4 Chez Le Brasseur, et donc l’abbé de Cocherel, ce sont des chiffres.

5 Amorcé en 1673, lorsque Louis XIV rappelle la décision d’étendre à tout le royaume l’application de la régale spirituelle, c’est-à-dire le pouvoir pour le roi de nommer, lors de la vacance d’un siège épiscopal, aux bénéfices vacants qui en dépendent, ce conflit se développe à partir de 1680.

6 Le texte publié en 1740 présente des coupures par rapport à la version manuscrite originelle.

7 Il le restera jusqu’en 1697.

8 « nec probabile est eum è nubibus in terram praecipitem dejici : crediderim magis nihil esse praeter cuneos, secures, malleos, vel alia ejusdem generis instrumenta in lapides conversa : nam persaepe cunei, vel securis formam lapis Ceraunius exprimit. »

9 « Their Arms shew that they had no use either of Iron or Brass to make Arms of, but using such as Nature afforded first, as some indian Nations do now. »

10 À noter que Justel est considéré par Goodrum (2008, p. 503-505), qui travaille à partir de la seule publication des Philosophical Transactions, comme l’auteur de l’ensemble de l’étude de la structure et du matériel.

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